О ЛУРДЕ
Metropolite Euloge et Lourdes
Extrait du livre « Le chemin de ma vie, mémoires du Métropolite Euloge »
De façon tout à fait fortuite, j’étais arrivé à Lourdes la veille de la fête de l’Immaculée Conception. Des dizaines de milliers de pèlerins se rassemblent pour cette fête ; ils viennent en famille, mais aussi par grandes associations diocésaines conduites par des évêques. Le soir, on me proposa d’aller à basilique. Je vis un imposant tableau dont je garde un merveilleux souvenir. Des foules innombrables de pèlerins avec des bannières, des cierges ou des flambeaux descendent en procession depuis le haut de la colline, sous la conduite du clergé, jusqu’à l’esplanade de la basilique. Le scintillement d’une multitude de petites lumières, le chant enthousiaste de l’hymne à la Vierge Marie... Voilà que toute la place se transforme en une mer lumineuse. Puis s’élève le chant puissant du Credo. Des milliers de voix chantent avec une ferveur ardente, dans une sorte de sainte exaltation. Le clergé, avec à sa tête l’évêque de Tarbes, se groupa sur l’une des terrasses de la basilique, où l’on me conduisit. Lorsque les voix se turent, l’évêque bénit la foule.
Pendant le repas du soir, chez l’évêque, je fis part de mes impressions à tous les convives présents.
Le matin, vers sept heures, je me rendis à la Grotte. Un petit autel y est installé. Les messes se succèdent, les personnes qui communient se comptent par milliers. La piété des gens est touchante : ils se tiennent à genoux, près de la grille, on sent une grande faim du Pain de Vie éternelle. Les malades, les infirmes, les estropiés, couchés sur leurs civières, essaient de se soulever pour voir l’élévation des Saints Dons. Des messes sont célébrées jusqu’à midi.
Je rentrai pour le déjeuner, puis le secrétaire de l’évêque me montra les diverses institutions de Lourdes. Je visitai la maison d’édition locale de littérature religieuse. Elle fait paraître une quantité innombrable de feuillets, brochures, images catéchétiques. Cela me rappelait l’activité éditoriale de la laure des Grottes de Kiev.
Puis nous allâmes voir les «piscines». Combien de malades espèrent ici une guérison ! Des ulcères, des escarres, des abcès sur des corps et des visages mutilés. Le service d’infirmiers n’est pas assuré par des professionnels mais par des volontaires appartenant à la haute société française. C’est une vieille tradition dans les familles aristocratiques et de la grande bourgeoisie : les jeunes gens se doivent d’aller à Lourdes pour œuvrer bénévolement afin d’aider les pauvres et les malheureux, «les plus petits de leurs frères».
…
La visite de Lourdes me convainquit que c’était effectivement un lieu plein de grâces, que la Mère de Dieu l’avait choisi pour le bien du pauvre genre humain. Les foules de pèlerins me laissèrent également une impression lumineuse ; j’ai compris que la France profonde n’était pas athée, n’était pas un pays matérialiste, que les Français étaient un peuple profondément chrétien.
Metropolite Euloge