СЛОВО О ВЕРЕ
Sermon pour le jour de Pâques 2020
Le Recteur Archiprêtre George ASHKOV
Mes chers frères et sœurs !
Les jours de la semaine Sainte ont pris fin lorsque nous nous sommes souvenus des événements clés de l'Évangile : la trahison de Judas, la Cène Mystique, l'arrestation de Jésus, le jugement des grands prêtres et celui de Pilate, les moqueries et l'exécution du Christ sur la Croix puis sa mort. Et puis, nous entendons aujourd’hui dans l’Évangile la bonne nouvelle : la Résurrection de Jésus-Christ ! Et nous sommes prêts à célébrer Pâques. Les souvenirs de l'histoire évangélique constituent la base de notre vie liturgique, de nos inquiétudes spirituelles, et nous sommes habitués à cette pratique religieuse, à cette expression de notre foi.
Mais réfléchissons au sens du mot « Pâques ». Le mot hébreu "Pâque" ("Pessah") se traduit littéralement par "passer à côté ". En souvenir de l'Ange de la mort qui a frappé l’Égypte et qui est passé sans toucher les habitations de la tribu juive. Une autre signification du mot a un sens religieux, c'est "transition", "délivrance", puisque la fête juive de Pâque est consacrée à l'exode du peuple israélite d’Égypte, à la traversée de la mer rouge et à leur libération de l'esclavage. Ces événements sont décrits dans l'Ancien Testament. La Pâque de l'Ancien Testament est devenue pour les chrétiens une préfiguration de la Pâques chrétienne, la préfiguration du Christ qui, par sa souffrance sur la Croix et sa mort, a délivré l'humanité de l'esclavage du péché et a rétabli le lien rompu de l'homme avec Dieu. Le Christ est Ressuscité et a ouvert la voie à l'humanité vers la résurrection des morts.
Dans les langues européennes modernes, il y a le mot « méthode », tiré du grec, ce qui signifie aussi « le chemin », c'est le chemin de la connaissance, le chemin de la recherche. Maintenant, le Seigneur nous ouvre le chemin de notre résurrection universelle, le chemin vers le Royaume de Dieu. Ces chemins et méthodes nous sont ouverts simultanément dans l'Église. Nous connaissons beaucoup d'images bibliques de l'Église. Elle est le Corps du Christ, l'Épouse du Christ, la colonne et l'affirmation de la Vérité, le temple vivant de Dieu.
Le Saint martyr Ignace d'Antioche nous a donné une image eschatologique de l'Église, comme l'Assemblée du peuple de Dieu rassemblée autour d’un repas fraternel du Royaume de Dieu, présidé par le Seigneur Jésus-Christ, qui est entouré de ses apôtres. C'est la même image et l'idéal que les chrétiens sont appelés à incarner ici sur terre, car l'Église est le Royaume de Dieu sur terre qui est venu par la puissance du Saint Esprit.
Par conséquent, l'Église, en tant que maison de Dieu, n'est pas seulement un lieu de prières personnelles pour nos besoins. C'est un lieu de prière fraternelle, commune, car la liturgie est un ministère commun.
L'église de Dieu s'est répandue sur la terre, ainsi toute une civilisation a été créée. Mais nous savons que le chemin historique des chrétiens n'était pas simple. Il y avait des époques où le monde pourchassait les chrétiens, mais il y avait aussi des époques où les chrétiens eux-mêmes essayaient de diriger le monde. Hélas, les chrétiens n'ont pas toujours suivi leur idéal.
Tous les écarts de l'idéal de l'Église et de la civilisation ont conduit à une crise de la foi et à une crise mondiale. Le XXe siècle dernier a connu beaucoup de ces crises.
Aujourd'hui, au XXIe siècle, il est clair pour beaucoup que, malgré les progrès technologiques rapides, la mondialisation de l'économie et les changements sociaux, le monde ne peut toujours pas résoudre ses contradictions. De plus en plus, le mot "crise" retentit. Les capitalistes à la recherche du profit continuent de tuer notre planète, les politiciens continuent de diviser le monde en sphères d'influence, et en conséquence, nous voyons des conflits militaires et des actes de terrorisme dans le monde entier. Le fossé entre les riches et les pauvres ne disparaît pas, les maladies chroniques et mortelles viennent de plus en plus. Et puis un désastre commun arrive, une crise mondiale sanitaire : le Coronavirus (pandémie).
Malgré tout cela, il y a encore des idéaux bibliques dans le monde. Ils sont enregistrés dans les chartes, les constitutions, les devises de nombreux pays. Cependant, dans le monde, ces idéaux sont déconnectés de leur source, de sorte que souvent la spéculation et le calcul pragmatique prennent leur place.
Mais dans l'Église aussi, nous trouvons parfois une distorsion de notre idéal évangélique. Après tout, nous, chrétiens, divisons parfois notre vie en deux parties : spirituelle pour la prière dans l'église et laïque pour tout le reste, dans laquelle nous vivons comme tout le monde. Nous participons à la course au succès, à la richesse, au confort. Mais le Seigneur nous dit qu'il est impossible de servir deux maîtres. Notre prière est souvent trop égoïste, seulement pour nous-mêmes et pour notre famille. La charité et le service social restent l'affaire des organisations de l'église et des associations. Vérifiez-le, posez-vous une question simple : « Combien j'ai apporté de bouteilles d'eau de source de Lourdes pour les paroissiens qui n'ont pas pu participer au dernier pèlerinage ? ». Et ne comptez pas vos proches, car le Seigneur dit que les mécréants font aussi du bien à leur foyer (Luc 6, 32).
En 1929, lorsque le monde a été frappé par la crise économique, saint Nicolas de Serbie nous a rappelé que ce mot « crise » est également arrivé dans la culture mondiale de la langue Grecque (κρίση). L'étymologie de ce mot remonte au verbe grec ancien, qui peut être traduit par « séparer », « démonter », « juger », « résoudre », « nettoyer ». Depuis l'époque d'Hippocrate dans le concept clinique, la crise est considérée comme un tournant dans la maladie, après quoi il y a des changements dans l'état du patient. Le concept historique utilise la crise dans un contexte similaire. Le sens le plus significatif du mot « crise » se traduit par « le point de basculement », « le moment variable ». Voici pourquoi la crise en grec signifie aussi « un jugement », « une décision », « une condamnation ». Saint Nicolas de Serbie nous propose de remplacer partout le mot habituel « crise » par le mot « jugement ». Alors nous pouvons considérer la crise comme un Jugement de Dieu.
Nous croyons que tout ce qui se passe dans le monde est fait par la grâce de Dieu ou par sa permission, lorsque le Seigneur permet à l'homme de faire ce qu'il veut. En conséquence, l'homme peut mener le monde, et lui-même, à une catastrophe en atteignant les limites de sa folie. Cette pédagogie divine est nécessaire pour que nous nous arrêtions enfin et réfléchissions, nous nous repentions et réparions notre vie. Non, le Seigneur ne nous a pas envoyé une épidémie, il ne maudit personne, l'homme par son péché se punit lui-même, car Dieu dit à l'homme dans la Bible : « La terre est maudite dans les œuvres de tes mains » (Gn 3,17).
Quelques jours avant la Pâque, le Seigneur a dit la même chose au peuple : « C'est maintenant, le jugement de ce monde ! » (Jn 12, 31), car tout ce qui s'est passé ensuite, la mort du Christ et Sa Résurrection, a été la crise clinique du monde, le point de basculement, le Jugement de Dieu ! C'est pourquoi nous appelons la Résurrection du Christ « Pâques ». C’est le passage de la mort à la vie. Le moment quand, selon la parole de l'apôtre Paul, la mort, en tant que premier et dernier ennemi de toute la race humaine, a été détruite (1 Cor 15, 24) et nous pouvons avoir l'espoir en notre résurrection.
Aujourd'hui, en 2020, alors que nous célébrons la fête de Pâques dans des conditions inhabituelles, non pas dans l'église, mais chez nous, nous avons une raison de nous demander : comment allons-nous traverser cette crise, ce Jugement de Dieu ? Comment allons-nous ressusciter notre foi et notre vie ? Nous comprenons que le monde va changer après cette pandémie et que nous aurons tous du mal à vivre dans cette nouvelle réalité.
Donc, si nous croyons que la liturgie est une chose commune, et que nous sommes tous frères et sœurs, si l'image de l'Église est l’Assemblée du peuple de Dieu réuni autour d’un repas fraternel du Royaume de Dieu, alors nous devons d'abord nous libérer de l'individualisme dans notre vie ecclésiale, rejeter la paresse et l'égoïsme. Ce n'est pas le nombre de prières du soir, ni la beauté de nos rituels, mais la véritable fraternité et la charité dans l'obéissance aux commandements de notre Seigneur Jésus-Christ qui doivent nous servir d’instrument de mesure de notre foi.
Aujourd'hui, nous, les chrétiens orthodoxes, continuons à adresser nos prières au Seigneur Ressuscité pour tous ceux qui ont été victimes de l'épidémie et pour le réconfort de leurs proches. Nous prions aussi pour le rétablissement de tous ceux qui continuent à être malades et à souffrir ! Nous demandons à Jésus de bénir le travail de tout le corps médical et de tous ceux qui travaillent pour assurer notre vie dans ces conditions difficiles ! Nous souhaitons la sagesse aux chefs des Nations et aux politiciens du monde, le courage et la patience à tous les peuples de notre planète.
Nous célébrons aujourd'hui la fête de Pâques et nous ne serons pas découragés, en se souvenant des vers du poète russe Fyodor Tyutchev :
« Heureux qui visita ce monde Aux grandes heures de son destin »
Mes chers frères et sœurs, que Notre Seigneur Jésus-Christ Ressuscité vous bénisse et vous embrasse par son amour!
Le Christ est Ressuscité ! En vérité Il est Ressuscité !